Clarifions maintenant le terme « sous pression ». Que
signifie la phrase « le concept A glisse vers le concept B
sous la pression » ? Voyons quelles sont les images derrière
ces termes. Un tremblement de terre a lieu quand les structures
souterraines subissent une pression suffisante pour que quelque chose,
soudain, glisse. Sans pression, évidemment, on n'observerait pas de
glissement. Une formulation analogue,
utilisant la pression et les glissements conceptuels est cohérente :
ce n'est que sous des pressions bien spécifiques que les concepts vont
glisser vers d'autres concepts proches. Par exemple, dans le deuxième
problème, la pression vient du fait que les lettres a et
k sont doublées ; le fait de doubler l'occurrence des
lettres, à la fin de la première chaîne et au début de la deuxième les
fait en quelque sorte « s'attirer » l'une vers l'autre. Dans le
premier problème, rien ne suggère le rapprochement de a et de
kk -- aucune pression. En l'absence d'une telle pression, il
serait insensé de transposer le plus à gauche vers le
plus à droite, puis de lire iijjkk à l'envers, en
suggérant de passer de successeur à prédécesseur, ce qui
mènerait à une solution plutôt bizarre : hhjjkk. Ce serait
une fluidité sans motivation, ce qui n'est pas caractéristique
de la pensée humaine.
Mitchell affirme que COPYCAT est une complète exploration de
la nature des pressions mentales, de la nature des concepts, et de
leurs profondes interconnexions, et particulièrement de la manière
dont les pressions peuvent engendrer des glissements conceptuels vers
leurs « voisins » conceptuels. Quand on
pondère ces voisinages, on se pose beaucoup de questions :
Qu'entend-on par « voisins conceptuels » ? Quelle pression est
nécessaire à un glissement conceptuel ? Quelle taille peut avoir un
glissement -- c'est-à-dire jusqu'à quelle distance deux concepts
peuvent se trouver tout en étant toujours en mesure de glisser l'un
vers l'autre ? Comment un glissement conceptuel peut-il induire une
nouvelle pression menant à un autre glissement conceptuel, puis à un
autre, etc., en cascade ? Existe-t-il des concepts qui
résistent mieux à un glissement que d'autres? Des pressions
particulières peuvent-elles néanmoins pousser un tel concept à
glisser, et ce sans toucher d'autres concepts, ayant habituellement
plus tendance à glisser ? Telles sont les questions se trouvant au
cœur du projet COPYCAT.