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Conclusion

  La notion d'émergence statistique  est fondamentale pour COPYCAT : le comportement de haut niveau du programme émerge de l'interaction d'un grand nombre d'activités de bas niveau durant lesquels des décisions probabilistes sont prises. Les codelets, les nœuds, et les liens sont tous définis explicitement par rapport au temps, mais leur interaction donne lieu à trois types d'entités statistiquement émergentes :

  1. des concepts  émergents, dont la composition (en terme de nœuds inclus), l'existence, et la pertinence sont des propriétés statistiques (ils ne sont pas définis explicitement) ;
  2. des pressions  émergentes, qui apparaissent comme des effets statistiques d'un grand nombre d'actions des codelets ;
  3. un balayage parallèle étagé,  qui résulte statistiquement de nombreux choix probabilistes fonctions de divers facteurs (comme l'urgence des codelets, la pertinence des objets, la force des structures, etc.).

La structure et l'activation des concepts influencent à la fois la manière dont les codelets vont évaluer les structures potentielles (l'évaluation d'une structure par un codelet prend presque toujours en compte les activations et les distances conceptuelles du Slipnet) et l'identité des codelets descendants qui seront envoyés dans le Coderack. Les concepts affectent donc la population des codelets dans le Coderack et leurs urgences, et engendrent des pressions statistiques et un balayage parallèle étagé. À son tour, ce balayage, en guidant la recherche à travers les structurations possibles du problème, agit sur les activations des nœuds et donc sur les distances conceptuelles représentées par les liens du Slipnet. Cette interaction donne un système dans lequel les concepts et l'exploration perceptuelle s'adaptent à la situation courante et permet les glissements conceptuels appropriés.

Cette interaction a le goût de la vision qu'Hofstadter a des « symboles actifs »  du cerveau, dans lesquels le haut niveau (le niveau symbolique) atteint les niveaux les plus bas (les niveaux subsymboliques) et les influence, tandis qu'il est lui-même déterminé par les bas niveaux [Hofstadter1979]. Ce genre de système, dans lequel les entités définies explicitement (par exemple les codelets, les nœuds, les liens) donne naissance à des formes implicites de plus haut niveau (comme les concepts, les pressions, et le balayage parallèle étagé), qui à leur tour influencent les bas niveaux, est un exemple de la caractérisation de ce que Forrest appelle « emergent computation » [Forrest1990].

L'indéterminisme  est un composant essentiel de COPYCAT, et la température est le mécanisme qui contrôle le degré d'indéterminisme en fonction des structures construites. Ce mécanisme permet en principe au système de passer graduellement d'un fonctionnement parallèle, aléatoire, et dominé par des forces ascendantes à un fonctionnement plus déterministe, séquentiel, et dominé par des forces descendantes, au fur et à mesure que le système se rapproche d'une conception adéquate de la situation.

Le fait que la composition et l'activation des concepts, le type et la force des différentes pressions, et le balayage parallèle étagé émergent statistiquement d'un grand nombre de décisions probabilistes fait de COPYCAT un système souple et robuste. À cause de l'indéterminisme, aucun chemin d'exploration n'est absolument exclu a priori, mais, en même temps, le système a des mécanismes qui lui permettent d'éviter les mauvais chemins, au moins la plupart du temps. L'idée que le programme doit suivre des chemins potentiellement risqués (et peut-être tirés par les cheveux, voire complètement dingues) pour pouvoir avoir la souplesse de suivre ceux qui sont subtils et perspicaces, est cruciale. Ceci est illustré d'une manière frappante par des résultats d'expériences dans lesquelles l'indéterminisme a été presque totalement éliminé. Le programme n'a jamais donné de réponse tirée par les cheveux au problème abc->abd, mrrjjj-> ?, mais il n'a quasiment jamais donné non plus la bonne réponse mrrjjjj[*]. Le programme doit avoir le potentiel de mettre au jour des concepts a priori improbables, mais ne devrait le faire qu'en présence de fortes pressions. Ce sont ces pressions qui donnent forme aux concepts du programme et guide son exploration.

Aucun des mécanismes exposés ci-dessus n'est spécifique de par sa conception au micro-domaine des chaînes de lettres, et aucun ne dépend de la taille des problèmes que COPYCAT traite déjà, ni même de la taille de son répertoire conceptuel. Les mécanismes de COPYCAT ont été conçus pour être généraux ; les auteurs affirment que ces mécanismes s'appliqueraient à des domaines bien plus complexes.  


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François Parmentier
6/19/1998