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Description de l'architecture

  L'architecture de COPYCAT a quatre composants principaux : le Slipnet (ou réseau de glissement, littéralement), le Workspace (ou espace de travail), le Coderack (ou « étagère à code »), et la Température. Nous allons les décrire brièvement :


  
Figure 3.1: Les composants de l'architecture de COPYCAT.
Les composants de l'architecture de Copycat.

  1. le Slipnet  est l'emplacement de tous les concepts permanents platoniques. On peut le voir, grossièrement, comme la mémoire à long terme de COPYCAT. En tant que tel, il ne contient que des types de concepts, et aucune de leurs instances. Les distances entre les concepts du Slipnet peuvent varier durant le traitement, et ce sont ces distances qui déterminent, à tout moment, quels sont les glissements probables ;
  2. le Workspace  est le lieu de l'activité perceptuelle. Il contient des instances des différents concepts du Slipnet, combinées en structures perceptuelles temporaires. On peut le voir comme la mémoire à court terme de COPYCAT, ou mémoire de travail, ou, en empruntant un terme d'Hearsay II, comme son « blackboard » ;
  3. le Coderack  est une sorte de « salle d'attente stochastique » dans laquelle de petits agents qui veulent travailler dans le Workspace attendent d'être appelés. Il n'a pas d'équivalent dans d'autres architectures, mais on peut le rapprocher d'un agenda (une file contenant des tâches à exécuter dans un certain ordre). La différence essentielle est que, dans le Coderack, les agents sont choisis stochastiquement, plutôt que dans un ordre déterminé. Les raisons de cette étonnante caractéristique seront détaillées plus tard. Elles sont cruciales pour la fluidité mentale ;
  4. enfin, la Température  est une mesure de l'organisation perceptuelle du système (une température basse traduisant un haut degré d'organisation) et permet le contrôle du degré de hasard utilisé lors de la prise de décisions.

COPYCAT est un système multi-agents émergent, puisqu'il possède les trois caractéristiques définies dans [Lenay1996] :

  1. Aucun agent ne contrôle complètement la dynamique de la population. Les agents sont limités et il y a des différences du système global qu'ils ignorent. Il y a donc un extérieur relativement à chaque agent : un environnement.
  2. Par définition, les agents agissent et donc modifient cet environnement. Mais les agents ne peuvent percevoir et agir que localement dans cet environnement. Autrement dit, chaque agent interprète l'environnement suivant ses moyens limités (d'après les distinctions qu'il peut faire).
  3. Les agents sont plusieurs dans un environnement commun. Les interprétations de l'environnement par les divers agents sont potentiellement différentes.

L'émergence  permet de faire apparaître une solution, elle évite d'avoir à prendre une décision à la fin du traitement. Un système émergent code les agents, l'environnement et les interactions, au lieu de coder, comme le font les systèmes « classiques », les étapes de la résolution d'un problème. Le terme « émergence » était employé à l'origine par les philosophes, les biologistes et les physiciens pour caractériser le fait qu'une chose « sorte » d'une autre sans que celle-ci la produise à la manière dont une cause produit nécessairement un effet et suffise à en faire comprendre l'apparition [Jean1997]. L'émergence est à distinguer de l'épiphénomène, qui est un phénomène qui accompagne un phénomène essentiel sans être pour rien dans son apparition ou son développement. Un exemple est celui de l'ombre de la main qui est un épiphénomène puisque sa présence ne change pas ce que l'on fait par ailleurs. Un épiphénomène n'est pas une émergence parce qu'il est causé par le processus mais n'interagit pas avec le processus.

Voici que dit John searle [Searle1995] pour illustrer la notion d'émergence : « Soit un système S, constitué d'éléments a, b, c, ... Par exemple S pourrait être une pierre, et les éléments les molécules. En général il y aura des caractéristiques de S qui ne sont pas, ou pas nécessairement, des caractéristiques de a, b, c, ... Par exemple, il se pourrait que S pèse cinq kilos, mais pas les molécules prises individuellement. Appelons ces caractéristiques les ``caractéristiques du système''. La forme et le poids sont des caractéristiques du système. Certaines caractéristiques du système peuvent être déduites ou conçues ou calculées à partir des caractéristiques de a, b, c, sur la simple base de leur arrangement ou de leur composition (et parfois des relations qu'elles entretiennent avec le reste de l'environnement) -- par exemple la forme, le poids, la vitesse. Mais d'autres caractéristiques ne peuvent se concevoir à partir de la seule composition des éléments et des seules relations environnementales ; il faut les expliquer en termes des interactions causales qui se produisent entre les éléments. Appelons-les des ``caractéristiques du système causalement émergentes''. Solidité, liquidité et transparence en sont autant d'exemples. »



 
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François Parmentier
6/19/1998